Vous connaissez la milpa ? Certains l’appellent aussi l’association des 3 soeurs.
Il s’agit d’une association de 3 plantes qui nous vient de temps très anciens et de contrées lointaines … Ce sont en effet les Incas, aztèques, mayas, et généralement tous les amérindiens qui la cultivaient. Vous remarquerez que ce sont des plantes issues de la magnifique sélection qu’ont opéré ces peuples d’Amérique depuis des milliers d’années. Je reviendrai dans un autre article sur le formidable travail de sélection végétale dont était capables les amérindiens.
Mais revenons en à la Milpa : il s’agit de l’association d’une céréale à tige longue : généralement le maïs, d’une liane fixatrice d’azote : le haricot, et d’une plante couvre sol : la courge.
L’association de ces trois sœurs permet une multitude de symbioses, d’entraide entre ces différentes plantes :
– Le maïs va former une tige rigide, il prend peu de place au sol puisqu’il pousse en hauteur. Il va permettre à la liane ( le haricot ) de s’accrocher et grimper sur lui, lui permettant de mettre ses gousses en hauteur, les protégeant des prédateurs terrestres, de la moisissure en cas de pluie, etc …
– Le haricot, lui, va « augmenter » l’épaisseur de la tige de maïs en poussant sur celui-ci, créant plus d’ombre : L’ombre projetée du maïs « entortillé » par le haricot va permettre de protéger la courge de rayons du soleil d’été. En effet, les courges détestent le fort rayonnement. Enfin, le haricot étant une légumineuse, il pousse sans « pomper » l’azote du sol, le laissant disponible pour le maïs et la courge.
– Enfin, la courge s’étale sur le sol et fait office de couvre sol, limitant fortement l’évaporation de l’humidité du sol, et cela est très important ! En effet, le maïs a besoin d’énormément d’eau en été pour pousser correctement, et la limitation de l’évaporation est primordiale pour lui.
Enfin, après la culture, l’association continue d’être bénéfique : Cette fois ci pour le sol et pour préparer la prochaine culture : le maïs a créé une grande tige très carbonée, qui commence même à se lignifier durant l’été, la sélection opérée par les amérindien a donné des maïs qui font très souvent plus de 3 à 4 mètres de haut, des fois 5, avec une tige très épaisse. Cette tige, en se décomposant, va amener énormément de carbone au sol, permetant de créer de la matière organique. La courge, elle, laissera un peu d’azote et permettra surtout de maintenir encore un mois ou deux une couverture du sol permettant de limiter la repousse naturelle d’adventices jusqu’à l’hiver. Enfin, le haricot, qui est une légumineuse, aura laissé des tas de nodules chargés d’azote dans le sol. Ces nodules profiteront au printemps à la nouvelle culture. Le sol n’aura donc pas été épuisé, mais agradé à la suite de cette culture, malgré l’énorme productivité au mètre carré, vu qu’on aura eu 3 cultures, et donc 3 récoltes au même endroit, tout en ayant limité l’arrosage !
